Le master est-il une garantie pour décrocher un emploi ?

Le nombre d’étudiants diplômés d’un master entrant sur le marché du travail a doublé en 10 ans. Mais tous les diplômés ont-ils les mêmes débuts dans la vie ? S’intègrent ils tous de la même manière dans la vie active ?

Une étude de la Cereq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications), publiée le 12 septembre 2024, montre quels sont les étudiants qui s’insèrent le mieux sur le marché du travail et pointe les facteurs extra académiques les plus déterminants.

Petit tour d’horizon des éléments clés de l’enquête 😉

Une hausse du niveau d’études

L’allongement des parcours éducatifs a mené à une forte hausse des inscriptions en master. Ce taux a connu une petite baisse suite à la réforme du master en 2017. Mais ce niveau, le plus haut hors doctorat, reste le diplôme le plus délivré par les universités. En dix ans, le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail avec un diplôme national de master a plus que doublé. Mécaniquement, l’effet volume rend ce niveau de diplôme moins rare.

L’étude des trois premières années de vie active des sortants diplômés de master en 2017, grâce aux données de l’enquête Génération conduite par le Céreq, montre que leur insertion professionnelle est plus favorable que celle des jeunes entrant sur le marché du travail cette année-là avec un niveau de diplôme inférieur. Ils décrochent leur premier emploi en trois mois en moyenne. Trois ans après l’obtention de leur master, 85 % sont en emploi (contre 71 % de l’ensemble de la cohorte), 9 % en recherche d’emploi, 2 % en reprise d’études et les 4 % restants dans une autre situation (démarches de création d’entreprise, inactivité pour raisons de parentalité, etc.).

➡️ Cependant, même avec ce niveau de formation élevé, des différences notables de trajectoires professionnelles et de conditions d’emploi sont observées entre les diplômés de master.

Le rôle clé de la formation choisie

Le choix de la formation lors d’un master est une étape décisive qui impacte directement les opportunités professionnelles et la qualité de l’insertion sur le marché du travail. En effet, certaines spécialités ouvrent plus facilement les portes d’emplois qualifiés et mieux rémunérés, tandis que d’autres peinent à offrir des débouchés immédiats. Cette différence, marquée par les besoins des secteurs, souligne l’importance stratégique du domaine d’études choisi. Cette section explore les principaux facteurs influençant la trajectoire professionnelle des diplômés, de la spécialité à l’alternance en passant par la localisation géographique.

1/ Le choix de la spécialité 

La spécialité du master joue un rôle déterminant dans la qualité de l’emploi obtenu et le niveau de rémunération associé. Certains secteurs, comme la technologie, la finance ou la santé, offrent des salaires plus élevés et des emplois plus stables, en raison d’une forte demande pour des compétences pointues et spécifiques. En revanche, d’autres disciplines, comme les sciences humaines ou sociales, peuvent connaître une insertion plus difficile avec des salaires moins attractifs, car le marché y est souvent plus saturé et la demande plus limitée.

👉 Les diplômés en informatique et réseaux ainsi qu’en finance et banque connaissent les meilleures insertions : respectivement 59 % et 54 % d’entre eux rentre facilement sur le marché du travail

👉 Seuls 7 % des diplômés en arts et lettres et 6% en éducation et Formation trouvent facilement un emploi à la sortie de leurs études

Un emploi en adéquation avec formation initiale

À mesure que la correspondance entre la spécialité de formation et le poste occupé augmente, la proportion de jeunes empruntant la meilleure trajectoire professionnelle s’accroît. Les diplômés en informatique et réseaux occupent ainsi le plus souvent (94 %) un emploi plutôt ou totalement en adéquation avec leur formation initiale.

À l’inverse, pour les spécialités arts et lettres et sciences naturelles et de la vie, l’adéquation entre la formation et l’emploi occupé après trois années sur le marché du travail est la plus faible, signe du manque de débouchés ou des conditions plus difficiles que les emplois cibles proposent pour ces deux spécialités. 👉 Ainsi, pour la spécialité arts et lettres, beaucoup de jeunes estimant exercer un métier sans lien fort avec leur diplôme occupent des postes dans l’enseignement (surveillants, assistants d’éducation et enseignants), d’assistants de la communication, de la publicité et des relations publiques ou encore des emplois dans le commerce et la restauration. Pour les diplômés en sciences naturelles et de la vie, les métiers les plus couramment exercés jugés par les jeunes comme ayant peu ou pas de lien avec leur formation sont ceux de techniciens ou ingénieurs de recherche et développement de l’industrie.

Les diplômés en arts et lettres, tout comme les diplômés en communication et médias, services aux personnes, sciences juridiques et politiques et sciences humaines et sociales sont quant à eux les plus susceptibles d’emprunter la trajectoire marquée par une reprise d’études.

➡️ Ainsi, le choix de la spécialité influence fortement les opportunités professionnelles. Dit autrement, dans certaines filières, le master ne suffit pas pour se démarquer en début de carrière.

2/ L’importance de l’alternance 

Les trajectoires professionnelles des diplômés de master dépendent de nombreux facteurs, et l’alternance en dernière année joue un rôle clé dans l’amélioration des perspectives d’emploi. Le rapport du Céreq de 2024 montre qu’opter pour l’alternance en fin de master augmente de 40 % les chances de suivre une trajectoire qualifiée de « favorable », caractérisée par des emplois de qualité et des revenus au-dessus de la moyenne. Cette amélioration s’explique par l’expérience professionnelle acquise pendant l’alternance, qui permet aux diplômés de se démarquer sur le marché du travail.

L’alternance combine la formation théorique et l’expérience pratique, ce qui confère aux étudiants des compétences immédiatement applicables en entreprise. Cette immersion dans le monde professionnel permet aux employeurs de tester les compétences des alternants avant de leur offrir potentiellement un contrat à durée indéterminée à la fin de leurs études. De plus, elle réduit la période de transition entre la fin des études et l’entrée dans le marché du travail, facilitant ainsi une insertion plus rapide.

Cependant, le recours à l’alternance n’est pas homogène entre les disciplines :

👉 Le taux d’alternance atteint 51% dans les formations gestion ou ressources humaines

👉 La taux d’alternance atteint péniblement les 5% dans le domaine des arts et des lettres 

➡️ Ces différences reflètent à la fois les caractéristiques des secteurs d’activité et les besoins spécifiques des entreprises en matière de compétences pratiques.

3/ Le choix de la ville 

L’étude souligne une réalité structurelle de l’économie française : résider en Île-de-France double les chances de bénéficier d’une meilleure insertion professionnelle. Cela s’explique par la concentration des opportunités d’emploi dans cette région, qui regroupe un nombre élevé de sièges sociaux, d’entreprises multinationales et d’organisations publiques. De plus, l’Île-de-France propose un large éventail de secteurs à forte demande, ce qui offre aux diplômés un accès privilégié à des emplois de qualité, souvent mieux rémunérés que dans d’autres régions françaises.

➡️ Ce dynamisme économique crée un environnement où les jeunes diplômés peuvent rapidement s’insérer dans des fonctions qualifiées, et ce, malgré la forte concurrence. L’Île-de-France, en raison de sa densité urbaine et de son réseau de transports développé, facilite également l’accès aux entreprises, accélérant le processus d’embauche et réduisant les obstacles géographiques rencontrés dans d’autres régions.

Des inégalités qui demeurent 

Les inégalités face au marché du travail continuent de se perpétuer, malgré des progrès en matière d’éducation et de formation. Les facteurs socio-économiques et le genre influencent fortement la capacité des diplômés à s’insérer rapidement et durablement dans le monde professionnel. Les trajectoires les plus favorables restent souvent inaccessibles à ceux issus de milieux moins privilégiés ou à certaines catégories comme les femmes, notamment en raison de stéréotypes ou d’obstacles structurels. Ces inégalités soulignent la complexité des défis persistants dans l’accès à l’emploi.

1/ L’origine sociale 

L’origine sociale joue un rôle déterminant dans les trajectoires professionnelles des diplômés de master. Les enfants issus de milieux favorisés, notamment ceux ayant deux parents cadres, ont 30 % de chances en plus de connaître un parcours professionnel favorable par rapport à ceux issus de catégories intermédiaires. Plusieurs facteurs expliquent cet avantage, notamment l’accès à des réseaux professionnels, une meilleure connaissance des opportunités, et parfois une plus grande aisance à naviguer dans des environnements de travail exigeants.

➡️Cela met en lumière l’influence des inégalités sociales sur l’insertion professionnelle, même après l’obtention d’un diplôme de niveau élevé.

2/ Le genre 

Alors que les hommes ne représentent que 40 % des diplômés de master, ils constituent 57 % des jeunes accédant à la meilleure trajectoire professionnelle. À profil égal, ils ont 1,4 fois plus de chances que les femmes de suivre cette voie. En revanche, les femmes, et surtout celles ayant des enfants, sont davantage susceptibles de connaître une trajectoire défavorable.

➡️ Les responsabilités familiales et les stéréotypes de genre peuvent limiter leur progression professionnelle, malgré leurs qualifications.

Un rapport à nuancer 

Les auteures de l’étude, Maryam Akkouh et Alexie Robert, invitent à relativiser les données en rappelant que tous les masters ne poursuivent pas les mêmes objectifs en termes de formation et d’insertion. Cependant, les résultats restent encourageants : 85 % des diplômés de master sont en emploi trois ans après leur diplôme, quel que soit leur domaine. Près de neuf diplômés sur dix déclarent être épanouis professionnellement, ce qui démontre la qualité générale de l’insertion professionnelle pour les bac+5, malgré des disparités selon les filières 😉

En bref 

En conclusion, l’insertion des diplômés de master en France est globalement positive, avec un taux d’emploi élevé trois ans après l’obtention du diplôme, quelle que soit la filière. Bien que des disparités existent selon la spécialité et la région de résidence, des facteurs comme l’alternance et la localisation en Île-de-France améliorent significativement les perspectives professionnelles. Les diplômés expriment en majorité une satisfaction quant à leur parcours, démontrant la valeur du master comme tremplin vers une carrière réussie, même si les réalités varient d’une filière à l’autre.

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